Projet « Affinity » (https://project.inria.fr/affinity/)
 
L’affinité est un objet, une passion, un champ de savoirs, un intérêt spécifique que les autistes investissent massivement et sur lequel ils se centrent, développant ainsi leurs compétences et s’ouvrant au lien social et au langage. L’Affinity Therapy se développe en 2014 après la publication dans le New-York Times d’un article (https://www.nytimes.com/2014/03/09/magazine/reaching-my-autistic-son-through-disney.html) qui résume l’ouvrage que Ron Suskind vient de publier : Life, Animated (2014) (https://ronsuskind.com). Dans son écrit, Ron Suskind, un célèbre journaliste politique Américain, raconte l’histoire de son fils Owen chez qui un sévère trouble de l’autisme fut diagnostiqué dès l’âge de 3 ans. Après avoir perdu la capacité de parler et cessé d’interagir avec l’autre, il s’est replié sur son monde intérieur. Le seul intérêt d’Owen résidait dans le visionnage de films Disney et c’est en faisant lien à partir de cette passion que le jeune homme s’est ouvert aux autres et au lien social : aujourd’hui, il travaille dans un cinéma et s’est lancé dans l’écriture de son propre scénario de dessin animé. Étonnamment, l’histoire d’Owen n’est pas unique. Le récent livre « Affinity therapy »: nouvelles recherches sur l’autisme publié par Myriam Chérel en 2015 (http://www.pur-editions.fr/detail.php?idOuv=3979) recense et analyse de nombreux cas de personnes avec autisme pour qui l’usage de ces passions autistiques a permis au traitement de faire des progrès significatifs. Aujourd’hui, et par suite d’une action exploratoire menée en 2019, notre projet vise à démontrer qualitativement et quantitativement l’influence de « l’affinité » sur le comportement des personnes souffrant de TSA pour définir des recommandations ajustées à chaque autiste en s’appuyant sur son affinité spécifique.
 
Ces recommandations seront ainsi le fruit d’un travail d’équipe qui fait le pari de la complémentarité de deux approches bien différentes. La première approche de cette recherche consiste ainsi en la contribution des statistiques mathématiques pour leur travail sur les data mining via la computer vision. Dans notre travail, elles évaluent quantitativement l’influence de l’affinité sur les comportements des personnes autistes. La seconde approche réside en l’apport de la psychanalyse à cette étude qui permet de considérer chaque personne à partir de ce qui la singularise. Dans notre travail, nous observons que l’affinité élective remplit cette fonction. Elle est toujours propre à un autistic mind en particulier. Ainsi, pour une personne autiste, elle consiste en quelque chose de plus primordial encore qu’une « simple » passion puisqu’elle est le point à partir duquel s’articule l’ensemble du pattern d’actes de la personne et, sans cette affinité, c’est l’angoisse qui surgit. Autrement-dit, si la première approche nous fournit une analyse globale des rapports des personnes autistes à leur affinité, la psychanalyse nous permet d’y ajouter une dimension singulière, au service d’une clinique du cas par cas qui considère chaque personne comme unique : elle travaille à partir de l’affinité élective spécifique à tel autistic mind.
 
Cette recherche s’inscrit dans un Labex CominLabs (http://cominlabs.inria.fr) : il est financé par un LABoratoire d’EXcellence qui investit la recherche collaborative interdisciplinaire en Technologie de l’Information et de la Communication. Notre projet repose sur un ensemble d’expériences auxquelles participent des personnes avec autisme et, à partir de ces expériences, nous souhaitons rendre compte d’une nouvelle manière d’accompagner ces personnes. L’affinité se voit ainsi devenir le levier de l’accompagnement de l’autisme selon la façon singulière dont elle est mise en fonction par chaque personne.
 
Pour plus d’informations sur cette recherche, rendez-vous sur le site qui lui est dédié ! https://project.inria.fr/affinity/